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Peu de start-up montent sur la première marche dite de l’amorçage. La startup MedTech grenobloise Grapheal vient de franchir cette étape clé en levant un total de 1,9 million d’euros. Cette levée de fonds combine fonds privés européens, subventions et prêts. Grapheal a désormais les moyens de développer ses deux innovations de biodétection numérique intégrée : un test Covid-19 salivaire ultrarapide et un pansement pour le suivi de la cicatrisation des plaies.
Grapheal et ses six salariés vont pouvoir intensifier leur R&D. Leurs deux innovations dans le domaine de la bio-détection suscitent l’intérêt des pouvoirs publics comme du privé. La plus récente et la plus attendue s’appelle TestNPass, un test salivaire Covid-19 numérique. Actuellement au stade de prototype, ce test numérique détecte la présence des virus en 5 minutes.
Le signal est capturé électroniquement sur le biocapteur, ce qui accélère le dépistage et permet un transfert numérique sécurisé du résultat. Inaltérable, ce résultat est mémorisé dans une étiquette RFID* garantissant la confidentialité des utilisateurs. Il constitue un laissez-passer de santé numérique respectant le RGPD. Écoresponsable, il fonctionne sans pile ni batterie. Il n’a pas besoin d’équipement de lecture dédié autre qu’un smartphone. Cette solution, au prix de vente estimé de 10 €, apporterait un dépistage précis à de nombreuses activités générant des flux importants. Les aéroports, salons, congrès et autres événements culturels pourraient être intéressés car TestNPass permettrait d’écarter rapidement les personnes contaminées sur le terrain en toute autonomie.
Le seul test Covid-19 numérique associé à un smartphone pourrait sortir fin 2021
La vocation de TestNPass est en effet de réorienter des sujets positifs au virus SARS-CoV-2 évitant ainsi la contamination des autres personnes réunies dans un même lieu. Le prototype a été mis au point en novembre dernier. Un premier essai sur une cohorte d’une soixantaine de volontaires va être conduit par le Centre de Virologie du CHU Grenoble Alpes. ll débutera fin février et durera deux mois. Il comparera ce nouveau test salivaire à la technique de référence par RT-PCR. Une fois la fiabilité du procédé validée, une deuxième expérimentation pourrait débuter sur un échantillon plus grand… avant son industrialisation et sa distribution. Il existe bien sûr de nombreux concurrents sur ce créneau porteur. Mais Grapheal est le seul en France à proposer une solution numérique tout terrain puisqu’elle utilise le smartphone comme lecteur.
Autre développement en cours, WoundLAB, un pansement connecté pour suivre l’état d’une plaie
Autre innovation antérieure à TestNPass, le pansement WoundLAB de Grapheal. Il permet de suivre à distance l’état d’une plaie difficile à traiter. Il est à l’origine du lancement de la start-up. Son développement a pris plusieurs mois de retard car les équipes n’ont pas eu accès au laboratoire pour raisons sanitaires. Huit essais précliniques ont validé cette approche. Un test clinique va être mené sur des plaies de pied d’une quinzaine de patients diabétiques par le Centre d’Investigation Clinique du CHU Grenoble Alpes. Son financement est assuré par l’Agence Nationale pour la Recherche et il devrait débuter à la fin de l’année. Ce test se déclinera en plusieurs étapes : tolérance du matériau au contact de la peau, réaction du patch et fiabilité des données recueillies sur un corps en mouvement…
Deux innovations à base de graphène
Les deux innovations de Grapheal ont des vocations bien différentes. Pourtant, elles utilisent à 60% une technologie et un processus identiques. Ces innovations révèlent le potentiel biomédical du graphène-sur-polymère. Ce nanomatériau composé de carbone pur ultra-fin recèle des propriétés électriques, mécaniques et de résistance à la corrosion. Surtout ce matériau d’avenir est biostimulant, c’est à dire que les cellules se régénèrent plus vite à son contact. Enfin il détecte avec précision un phénomène biologique. Ce sont ces deux dernières qualités qui promettent des avancées dans le secteur de la télémédecine. Une puce électronique intégrée au graphène, le tout formant un biocapteur. Cette association unique entre un élément biologique et un transducteur transforme le signal biochimique en un signal physique quantifiable. Cette information est transmise à un smartphone via une application gratuite.
Une levée de fonds de 1,9 million d’euros
Ces deux développements prometteurs sont permis par le financement d’amorçage de 1,9 million d’euros constitués d’un investissement du fonds belge Novalis Biotech et d’investisseurs privés ainsi que des subventions non dilutives et des prêts et obligations convertibles de Bpifrance.
Il témoigne des intérêts public et privé que suscitent les innovations de cette entité créée voici deux ans par un ancien directeur de recherche au CNRS à l’Institut Néel de Grenoble. « Le fonds Novalis est constitué de scientifiques de l’université de Gand, souligne Vincent Bouchiat, PDG de Grapheal.
Nous partageons la même culture étant moi-même issu de la recherche publique. Cette connivence entre universitaires permet aujourd’hui à Grapheal de passer un cap décisif et de lancer des études sur les deux produits que nous avons mis au point. Nous allons pouvoir valider par des essais cliniques nos innovations et rechercher des partenaires industriels et de distribution ».
Source : Communiqué de presse
Les investisseurs et experts de l'opération
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