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Le tribunal de commerce de Lyon a fait mercredi le choix pour le fabricant de lingerie Lejaby d'un repreneur qui conservait la plus forte proportion de salariés mais va fermer la dernière usine de la marque en France, à Yssingeaux (Haute-Loire), où le personnel est révolté.
Sur les 450 salariés de Lejaby en France, Alain Prost, ex-PDG de l'italien La Perla et ancien directeur général de Chantelle, qui se trouve désormais à la tête de l'entreprise, va conserver 195 personnes, à Rillieux (Rhône) au siège.
Les quelques 255 autres, désignés selon des critères d'ordre (âge, ancienneté, charges de famille...), vont être licenciés. Les 93 salariés de l'atelier d'assemblage d'Yssingeaux, dont 90 femmes, bénéficieront d'une priorité de réembauche durant deux ans à Rillieux.
"Les gens sont sous le choc et en colère", a réagi Bernadette Pessemesse (CGT), aux côtés d'une soixantaine des salariés auvergnats qui ont manifesté au Puy-en-Velay devant la permanence du maire de la ville, Laurent Wauquiez, également ministre de l'Enseignement supérieur.
Ils entendaient dire "leur refus des délocalisations", en cette journée marquée également par le sommet social à l'Elysée.
93% de la production de Lejaby se fait déjà à l'étranger, et cette proportion va être accrue.
Le personnel de Haute-Loire était en réunion mercredi soir pour décider d'actions, alors que certains sont prêts à occuper l'usine jour et nuit, et même à entamer une grève de la faim.
Une assemblée générale aura lieu jeudi matin à Yssingeaux ainsi qu'à Rillieux, où les employés vont également payer un lourd tribut.
Pour Janine Caillot, secrétaire CGT du comité central d'entreprise, "il n'y avait pas de bonne solution" pour la société en liquidation depuis le 22 décembre, mais le choix d'Alain Prost est synonyme de "l'abandon de la production en France".
L'autre repreneur potentiel, la PME Canat, spécialiste de la lingerie de nuit basé à Millau (Aveyron), prévoyait de conserver 170 salariés, dont 53 à l'usine d'Yssingeaux (Haute-Loire). Cependant son offre apparaissait moins solide financièrement.
Alain Prost, qui prévoit 7 millions d'euros d'investissements et assure s'être entouré d'une "équipe de spécialistes pour répondre aux problèmes financiers, commerciaux, de produits et de production" de Lejaby, estime que la société ne peut être "compétitive" sans un regroupement des forces sur un même site en France.
Donnant des gages aux tenants du "made in France", il a assuré qu'une "petite unité de production", de 20 personnes au départ, sera maintenue à Rillieux, où sera lancé en 2012 "un projet haut de gamme".
Il a aussi promis de mettre 500.000 euros dans l'accompagnement social des salariés laissés sur le carreau, mais s'était fait huer mardi en marge de l'audience au tribunal par des salariés lui demandant: "Qui va nourrir nos gamins? Qui va payer nos maisons?".
Pour "replacer Lejaby dans le quatuor de tête de la lingerie haut de gamme française" et renouer avec la "créativité" et "l'innovation" qui ont fait le succès de l'entreprise depuis ses débuts en 1930, M. Prost s'est associé à Christian Bugnon, fils d'un ancien PDG de la marque, et à Isalys, son principal sous-traitant tunisien.
Nicole Mendez (CFDT) veut croire que le repreneur va "faire redémarrer Lejaby qui a de gros savoirs". Elle pointe la responsabilité du groupe autrichien Palmers, son propriétaire depuis 2008, qui a en 2010 supprimé 197 postes afin de produire à moindre coût à l'étranger et n'a pas tenu ses engagements, selon la déléguée. "On va partir en guerre contre Palmers", lance-t-elle.
© 2012 AFP
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