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L'électronicien Sagem (CA 2003 : 3,2 MdEUR, capitalisation boursière : 2,4 MdEUR) et le motoriste aéronautique Snecma (CA 2003 : 6,4 MdEUR, capitalisation boursière : 4,3 MdEUR) ont annoncé vendredi dernier un projet de rapprochement, qui va entraîner la privatisation de fait du quatrième motoriste aéronautique mondial et permettra la création d'un nouveau conglomérat réunissant aéronautique, défense et télécoms. Cette fusion, dont l'annonce a constitué une surprise, se réalisera en deux temps. Mi-décembre, la Sagem lancera une offre mixte sur le capital de Snecma, qui se scindera en deux, avec d'une part, une offre par échange de titres sur 77% du capital de Snecma (avec une parité de 3 actions Sagem pour 13 actions Snecma) et d'autre part une offre en numéraire de 1,25 MdEUR pour les 23% du capital restant. Au global l'offre fait ressortir une valorisation de Snecma de 5,5 MdEUR contre 4,35 MdEUR avant l'annonce de l'opération et 4,2 MdEUR lors de son introduction en Bourse en juin dernier. Deuxième étape, les actionnaires devront donner leur feu vert à une fusion en mai 2005. Le schéma de l'opération est original dans la mesure où l'acquéreur est Sagem, qui est environ deux fois plus petite que sa cible. Mais il permet à l'Etat, qui détient encore 62% de Snecma, de privatiser de fait le motoriste et de conserver une minorité de blocage (35,9%) dans le nouvel ensemble. L'objectif de l'opération est de donner naissance à un nouveau champion français des hautes technologies. Le nouveau groupe va prendre place parmi les dix premiers groupes technologiques mondiaux avec un CA de 10 MdEUR et présentera un profil diversifié, étant présent dans l'aéronautique, la défense, la sécurité et les télécommunications. Cependant sur le plan stratégique, l'annonce de l'opération a surpris, étant donné les activités différentes des deux groupes. Ces derniers tablent des synergies comprises entre 160 MEUR et 190 MEUR par an d'ici trois ans, provenant pour les deux-tiers de la croissance des ventes et pour un tiers des économies réalisées sur les achats. Les analystes, qui jugent ces objectifs difficiles à tenir, demeurent sceptiques sur la rationalité stratégique de l'opération, les deux groupes devant désormais prouver la pertinence de leur stratégie.
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